Ceux qui s’arrêtent à Montpellier

Montpellier est depuis son origine une ville de passage. C’est une cité où le voyageur s’arrête ; et quand il la quitte, il l’oublie rarement. C’est une ville-mosaïque dont le saint patron, Roch, est aussi le protecteur des pèlerins. Située sur un des quatre chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, celui partant d’Arles, Montpellier est une ville-étape autant qu’un point de rencontre et d’échange entre le Nord et le Sud, entre l’Europe et l’Afrique, et aussi l’Orient, l’Extrême-Orient. Les voyageurs d’aujourd’hui ne savent sans doute pas que le puits du saint guérisseur est accessible à tous, depuis la rue de la Loge ; et que chaque année, au 16 août, son eau est distribuée à tous. Ils sont souvent étudiants, ils ont rêvé du Sud, de la France du soleil, ils aiment la littérature et le cinéma, ils sont parfois artistes ; surtout, ils viennent du monde entier. En 1160, l’illustre voyageur Benjamin de Tudèle note que la ville est « fort fréquentée par toutes les nations, tant chrétiennes que mahométanes et qu’on y trouve des négociants venant notamment du pays des Algarbes de toute l’Égypte et de la terre d’Israël ». Le poète et humaniste Pétrarque s’émerveille de Montpellier avant d’y être le témoin de la grande peste des années 1360. Jacques Cœur redresse son économie au XVe siècle et donne une place de choix dans le Royaume de France. Ceux qui s’arrêtent à Montpellier savent-ils la violence et les destructions qu’elle connut lors des guerres de religions ? Savent-ils le long siège de Louis XIII qui changea le destin de la ville ? Connaissent-ils l’histoire de l’avant-dernier Grand Maître de l’ordre de Malte, Ferdinand de Hompesch, mort à Montpellier en 1805 ? Ils revoient Jean Moulin et son chapeau de feutre sous les arches de l’aqueduc Saint-Clément, dit des Arceaux. Ces contes méconnus habitent les murs jaunes du calcaire coquillier dont est faite Montpellier, qu’on appelle pierre de Castries.

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